Ménage de pré-printemps

Je me souviens avec un gros LOL interne d’une conversation téléphonique, tenue en 2014, entre Tony et moi. Tony, c’est l’une des deux formidables personnes qui ont développé ce beau site. Fort peu au fait des insondables mystères du monde magique de l’Internet, j’étais bien en peine de fournir des réponses aux questions les plus basiques qu’il me posait concernant mes attentes.

Tony : Et pour les commentaires ? Est-ce que tu veux les valider avant publication ?

Moi : Boarfffff, c’est un peu relou non ?

Tony : Oui, mais tu sais, il se peut que tu aies des spams.

Moi : Bah je pourrai les effacer a postériori, non ? Tu crois qu’il y en aura beaucoup ?

Tony a répondu qu’il ne savait pas, mais j’ai bien compris au ton de sa voix que dans le doute, mieux valait quand même que je me range à son avis. Et aujourd’hui, alors que je viens de faire le grand ménage de mes messages en attente, je bénis cet homme.

En quelques mois, j’ai accumulé PLUS DE 900 SPAMS !!

Je les ai bien vus défiler sur ma messagerie, au fil des semaines (je surveille quand même, histoire d’approuver les commentaires de vraies personnes…). Il y avait les classiques publicités pour viagra, porno gay, médicaments en provenance du Canada, offres de prêts, suggestions pour « améliorer le trafic » de mon site… Mais également des choses plus originales telles que des propositions de voyage en Mongolie ou de massages vietnamiens. On m’offrait les services d’un entraineur personnel à Londres, ou ceux d’un laboratoire spécialisé en tests de paternité. Quel hasard, QUE des trucs dont j’ai super besoin en ce moment ! #ironyinside

Je ne peux m’empêcher de me demander qui sont les personnes de chair et d’os à l’origine de ces étranges messages.  Je veux dire, même si tout cela est robotisé à mort, à base d’algorithmes, et tout, au bout de la chaîne il doit bien y avoir des GENS ! Des gens qui font carrière dans le Spam. C’est proprement fascinant.  « Salut, moi dans la vie, je suis chef du service Spam. Le Spam, c’est plus qu’un métier, c’est une passion. » Sans aucune réponse à cette question, j’ai néanmoins pris mon courage à deux mains, et j’ai tout fichu dans la poubelle virtuelle, par paquets de 20.

Petit rattrapage

Comment ai-je pu laisser prospérer un bazar pareil ? Des mois que je n’ai pas écrit une ligne sur ce blog ! Quoi qu’il en soit, je ne sais pas ce qui s’est passé hier. Peut-être parce qu’il y a eu un peu de soleil. Peut-être parce que le travail s’est un peu ralenti. Peut-être parce qu’une personne très proche m’a envoyé une petite chronique humoristique pétillante et pleine de spontanéité (si elle est d’accord je la publierai ici)… Eh bien j’ai eu envie de revenir à ce blog et de donner des news. Voici donc les quelques projets marquants de ces derniers mois et quelques réflexions dans le désordre :

J’ai écrit cet automne le premier tome d’une saga que j’espère loooooongue à destination des 8-10 ans, à paraître le 28 avril dans la collection Folio Cadet, chez Gallimard Jeunesse. Elle raconte les aventures d’Anna Z42, une petite fille mi-extra-terrestre, mi-terrienne, dont les parents sont divorcés, et qui possède un certain talent pour les bêtises. C’était pour moi un vrai défi, car ma première sortie hors des sentiers de la littérature ado. J’aurais l’occasion d’y revenir, car cela mériterait un post à part entière, mais l’exercice est très différent de ce à quoi j’étais habituée. L’un de moments sympas de cette expérience, c’était de découvrir les illustrations réalisées par Jess Pauwels. Voir ses personnages au travers la sensibilité et le savoir-faire de quelqu’un d’autre, ça n’a pas de prix. Surtout quand on est hyper fan du résultat. Petit aperçu :

Cette couverture est bien trop magnifique pour être vraie.

Cette couverture est bien trop magnifique pour être vraie.

Je suis actuellement occupée à écrire le tome 2 des aventures d’Anna, qui devrait paraître en fin d’année.

-Par ailleurs, je viens de remettre à mon éditrice un roman dont la réalisation m’a demandé une année. Je n’en dirai pas beaucoup, si ce n’est que l’écriture n’a pas été de tout repos (j’y reviendrai peut-être aussi en temps voulu). Pour résumer, j’ai souhaité être ambitieuse avec beaucoup de personnages, un thème complexe, et j’espère être parvenue à faire tenir debout cet édifice. Comme d’habitude, il y a ce suspens, surtout quand on a une fâcheuse tendance à la dramatisation. Et si mon éditrice n’aimait pas ce que j’en avais fait ? Et s’il n’y avait rien à sauver ? Et si… Et si…

Reste tout de même cette énorme satisfaction d’avoir réussi à écrire le point final. Il y a eu des moments où je pensais que je n’y arriverais jamais, d’autant que le travail a été quelque peu ralenti par la rédaction d’un autre ouvrage, professionnel celui-ci. Bref, je peux au moins me féliciter pour ma ténacité (#ellesenvoiedesfleurs) et pour avoir fait de mon mieux.

TO BLOG or not to blog ?

-J’ai eu le temps de concevoir beaucoup de projets pour ce blog. Plus de chroniques, des interviews, des bloggeurs invités… J’espère avoir le temps de concrétiser tout cela. L’exercice n’est pas toujours évident car cela demande pas mal de temps. De plus, je trouve toujours cela un peu intimidant de raconter des trucs et de les poster sur Internet, même si l’impact est bien entendu limité. Certains auteurs très engagés n’hésitent pas à écrire des billets d’humeur, des opinions militantes et politiques. Par les temps qui courent, c’est vrai que l’on a envie de s’indigner, de défendre la vision d’un monde plus juste. Les inégalités, le racisme, le sexisme, l’exploitation des travailleurs, les discours autoritaires et sécuritaires, les guerres, les enjeux écologiques… Comment ne pas y être sensible ? Je ne m’interdis pas d’en parler, mais je ne me sens pas encore totalement à l’aise avec cela. Peut-être parce que je ne sais pas ce qu’un post de blog peut apporter au schmilblick ? Peut-être parce  que je compte sur d’autres pour tout dire mieux que moi ? Peut-être parce que je ne vois pas en quoi le fait d’avoir publié trois-quatre romans me donne une légitimité particulière pour l’ouvrir ? Dois-je me cantonner uniquement aux sujets traitant de littérature, et à mon actualité, au risque de voir les sujets s’assécher très vite ? Je ne suis pas non plus fan de la littérature qui s’observe, se soupèse et s’analyse à tout crin… Les livres ne valent que parce qu’ils ont un rapport avec la vie.

Bref, à ce stade, je tâtonne. Je veux tenter des trucs… Je compte sur la bienveillance des quelques lecteurs de ce blog.

legendary

-Enfin, l’une des questions qui m’anime en ce moment est celle de l’organisation d’une vie d’écrivain. Comment trouver un équilibre quand on a besoin de temps pour écrire, tout en assurant un revenu minimal pour faire bouillir la marmite ? J’adore mon métier de journaliste. Rencontrer des gens, apprendre de nouvelles choses, découvrir de nouveaux lieux… Bref, comprendre le monde. Je ne pense pas pouvoir m’améliorer en tant qu’auteur en restant face à face avec moi-même 24h/24. Je précise que ce n’est pas un jugement sur ceux qui sont auteurs à plein temps, bien au contraire. Il y a des gens qui n’ont pas besoin d’avoir un autre métier : ils sont naturellement curieux, font des recherches de leur propre chef, trouvent leur propre système pour nourrir leur inspiration. Moi j’ai besoin que l’on me contraigne à mettre le nez dehors, sinon je me fossilise sur mon canapé.

Dans ce cadre, l’enjeu est de parvenir à tout combiner sans se surcharger. Eh oui, ces derniers mois, j’ai clairement été surchargée parce qu’il est tentant de vouloir tout faire. Dire non à des propositions de piges, remettre au week-end l’écriture d’un chapitre de roman, parce que je dois finir un article pour tel ou tel employeur, regarder mon agenda de la semaine en me demandant si je vais parvenir à tout faire, remettre aux calendes grecques les coups de fils à des amis, les obligations courantes (type révision de la voiture)… C’est pour moi une vraie source de stress. Cependant, même si j’ai la chouinerie facile, c’est excitant aussi, de mener tous ces projets professionnels et personnels. Je ne regrette pas d’avoir accepté un seul des travaux que j’ai effectué ces derniers mois.

Pourtant, la question de l’équilibre continue de se poser. Et il semble que ce soit le cas pour beaucoup d’auteurs… et pour toutes les personnes qui mènent plusieurs activités en parallèle ! La difficulté, c’est qu’il n’y  a aucune recette toute faite et que chacun doit inventer la sienne.

Bref, transition pour ma part, avec un grand merci pour tous mes proches si patients et sympas ! Bises et paillettes sur vous !

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