À l’occasion du salon Saint-Maur en Poche samedi dernier, j’ai eu le plaisir d’animer un atelier à destination d’un groupe d’enfants de 7 à 9 ans, en partenariat avec le Labo des histoires. L’objectif ? Leur apprendre à « cuisiner une histoire » de leur propre cru. Pour cela, j’ai bricolé un petit support ludique qui leur a servi de base pour canaliser leur imagination (ô combien débordante).
Les enfants participants ont eu l’air de bien accrocher. Au bout d’une heure, nous nous sommes retrouvés avec des histoires de lapins enquêteurs, d’ananas cannibales, d’aveugles télépathes, de monstres à 1000 mains et 1000 têtes, et de rockeuses se ruant au secours de leur mère kidnappée… C’est pourquoi je me dit que ça pourrait être sympa de partager le support sur ce blog. D’autant que le principe est simple et facile à reproduire chez soi.
Cuisiner un histoire ? Keskeuturacontes ?
L’idée de départ, c’est que créer une histoire, c’est un peu comme cuisiner un gâteau.
Quand on fait de pâtisserie, comment se passer d’Å“ufs, sucre, beurre ou encore farine (ou de leurs équivalents pour les végétaliens #nonjenevousoubliepas) ? Oubliez un seul de ces ingrédients et votre dessert n’aura aucun goût (dans le meilleur des cas) ou ressemblera à une vieille flaque peu ragoutante (dans le pire). Bref, que vous prépariez un simple quatre-quart ou une pièce montée de deux mètres chocolat-blanc-sur-coulis-de-mangue-et-sa-crème-chantilly-à -la-menthe, difficile de faire une croix sur eux !
Eh bien pour une histoire, c’est la même chose. Qu’il s’agisse d’une aventure courte ou d’une épopée familiale sur 19 générations en huit tomes de 700 pages, certains éléments sont incontournables pour la faire tenir debout. Pour ma part, j’en ai identifié cinq, qui correspondent aux cinq cases de ce petit schéma. À vous de les remplir comme bon vous semble : en écrivant, en dessinant, avec des collages, tout ça en même temps…
(Magnifique support original à télécharger ici en format A4)
Ingrédient n°1 : Le(s) héros / héroïne(s)
Comment imaginer le roman Harry Potter sans Harry Potter ? Votre héros est la pièce maîtresse de votre récit, celui qui va vivre les folles aventures que vous imaginez pour lui… Pour qu’il soit réussi, il est important de mettre en avant ses particularités, ce qui le rend unique :
- À quoi ressemble-t-il ?
- Quels sont ses goûts ? ses passions ?
- Quelles sont ses qualités et ses défauts ?
- A-t-il des complexes ?
- A-t-il vécu des choses dans sa vie qui l’ont marqué ?
- A-t-il un secret ? Un pouvoir particulier ?
- etc.
Il est bon également que votre héros soit accompagné d’amis et d’alliés. Comme Hermione et Ron dans Harry Potter. N’oubliez donc pas de lui créer un ou plusieurs camarades (qui peuvent aussi être un animal de compagnie, une grand-tante bienveillante, un sympathique porte-manteau parlant, etc.).
Ingrédient n°2 : La situation initiale
Le mot peut sembler un peu savant, mais c’est en réalité d’une chose très simple. Il s’agit de décrire à quoi ressemble la vie quotidienne de votre héros avant ses aventures. Quand tout est normal, quoi.
- Où vit-il ?
- A-t-il des parents ? De la famille ?
- Que fait-il de ses journées ?
- Quel est son quotidien ?
- Est-il satisfait ou non de son existence ? Si ce n’est pas le cas, qu’est-ce qui l’en empêche ?
Ingrédient n°3 : L’élément perturbateur
C’est là que ça commence réellement à chauffer ! Pour qu’une histoire soit intéressante, il faut que quelque chose vienne chambouler la vie bien réglée de votre héros. Dites-vous bien que plus c’est incroyable et original, plus vos lecteurs ont de chance d’être captivés… Je vous jure que ce n’est pas si difficile ! Pour vous aider à trouver l’inspiration voici un petit exercice. Commencez par jeter un coup d’œil autour de vous, et par examiner les objets qui vous entourent. Le quotidien est la meilleure boîte à idée qui existe ! Ensuite, fermez les yeux et demandez-vous : quel serait le truc le plus dingue qui pourrait m’arriver dans cette pièce ?
À titre d’exemple, voici ce que moi j’imagine :
- Frappée par la foudre, ma bosse à cheveux prend vie et m’attaque !
- Je découvre au fond de mon frigo un passage vers un monde fantastique peuplé de légumes qui préparent une révolution bolchévique.
- Un personnage de publicité pour plat préparés sort soudain de la télévision pour me rejoindre (et me forcer à manger un hachis-parmentier William Saurin).
- Une licorne atterrit sur mon balcon et m’explique qu’une prophétie m’a désignée comme l’élue qui sauvera son peuple.
- Brad Pitt en personne vient sonner à ma porte et me demande de lui offrir un refuge car il est poursuivi par des espions à la solde du gouvernement guatémaltèque.
Je concède que tout cela est bien délirant, et que l’on peu faire plus simple (mon héros est attaqué par une horde de zombies, trouve un trésor dans sa cave ou un vieux grimoire plein de formules magiques….). Sauf que le truc chouette, quand on invente une histoire, c’est que tout est permis, même le plus fou. C’est à force d’envisager les options les plus saugrenues que l’on fini par tomber sur LA bonne idée, de celles qui n’ont pas été vues et revues 100 fois. Alors pourquoi se priver ? Ce qui compte, c’est qu’à l’issue de cette étape, votre personnage principal se retrouve face à un problème qu’il va devoir régler.
Ingrédient n°4 : les péripéties
Cette quatrième case comprend toutes les aventures que va vivre votre héros ou votre héroïne (et ses amis) dans sa quête vers la résolution de son problème. Cette étape représente la partie la plus longue de votre récit, car elle peut comprendre de très nombreux rebondissements… Pour en revenir à Harry Potter, voyez comme il affronte de nombreux ennemis avant de se mesurer à celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom-AKA-Ralph-Fiennes.
Attention, pour qu’une histoire soit palpitante, mieux vaut que le personnage principal ne s’en sorte pas trop facilement ! La cerise sur le gâteau, c’est quand il est mis dans des situations critiques, et qu’on tremble pour lui. De mon côté, il va me falloir venir à bout de beaucoup d’embûches avant de parvenir à sauver le peuple des licornes (en premier lieu défaire un producteur de lasagnes très malhonnête qui néglige la traçabilité de ses ingrédients #blaguenulle).
Ingrédient n°5 : dénouement et conclusion
… Que je traduirais grossièrement par « comment les choses se règlent et comment ça va mieux après ».
Là encore, c’est le top si vous parvenez à injecter un max de suspens ! Le lecteur doit croire que tout est perdu pour votre personnage principal. Heureusement, à la dernière minute, grâce à une aide extérieure et/ou une idée de génie, il parvient à triompher de ses ennemis. À ce moment-là , tout est alors méga-top-moumoute, et on peut alors trinquer au Champomy !
Voilà . Vous avez une ébauche d’histoire tout juste sortie du four 😉 Je précise pour les vilains tatillons qui viendront me dire des trucs genre « ouimé desfois une histoire ça finit mal » que cet atelier a été conçu pour des enfants. Les enfants aiment en général que les choses finissent bien. Et moi aussi, d’ailleurs. Mais libre à vous, bien-entendu, de choisir une fin dramatique pleine de larmes, de cadavres et de sang. C’est vous le chef de votre histoire, et personne d’autre !
Par ailleurs, j’ajoute que j’ai volontairement présenté une trame narrative très simplifiée, à l’usage de débutants. Je suis bien sûr consciente qu’un récit peut-être beaucoup plus compliqué que ce que j’ai exposé… Cependant, même à mon propre usage, je trouve intéressant de garder ces éléments en tête. Il est très facile, lorsque l’on se plonge dans la rédaction d’un roman, de perdre de vue son cap initial (à savoir, le problème du héros et comment il va s’en dépatouiller) et de s’enferrer dans des détails pas si importants que cela. J’espère en tout cas que ceux qui se livreront à l’exercice s’amuseront bien, et je suis preneuse de photos du petit schéma « Cuisiner une histoire » complété par vos soins 😉
Des bises sur vous !!
Et en bonus, une petite galerie
(Pardon c’est un peu flou, j’ai un téléphone nul)
Merci à Eric, aux deux Gabin, à Maritxu, Lilou, Léa et Charlotte !
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