J’inaugure aujourd’hui le premier post d’une nouvelle rubrique que j’intitule « Ruses d’autrice » , dans lesquels je partagerai toutes mes techniques secrètes d’écritures [NB, la rubrique s’appelait initialement « Ruses de Sioux », mais cette dénomination m’étant apparue problématique, j’ai changé]
Comme vous le savez probablement si vous avez lu certains de mes précédents posts, je suis la reine de la page blanche, la championne toutes catégories en matière de « l’inspiration ne vient pas aujourd’hui, si je triais mes papiers/lavais la voiture/allais me promener en forêt/finissais le paquet de biscuits à la place ».
J’ai bien essayé de surfer sur internet pour découvrir la solution miracle, mais il est rare que j’aie trouvé des conseils qui m’aident vraiment. Souvent ils étaient trop conceptuels et pas assez pratico-pratiques (exemple: « pour avancer dans votre travail d’écriture, la première chose à faire est de cesser de procrastiner ». Youhou merci ça m’aide grave. Comme s’il suffisait de DECIDEY pour arrêter de procrastiney…). Parfois, ils n’étaient pas du tout adaptés à ma manière de travailler (des « fiches personnages »? Un « plan détaillé du roman avec code couleur »? Sérieusement???).
J’ai donc dû trouver mes propres méthodes de travail, dans le sang, la sueur et les larmes, et je me dis que peut-être, elles pourront être utiles aux gens comme moi, pour lesquels les méthodes traditionnelles ne fonctionnent pas.
Commençons donc avec une technique basique anti page blanche que j’ai nommée (roulements de tambours) :
« La technique des 7 minutes »
Contexte d’utilisation
Elle fonctionne particulièrement lorsque l’on a déjà son idée de roman en tête, mais que l’on peine à avancer. Notre histoire nous semble tenir la route, mais chaque phrase que l’on écrit nous apparaît comme nulle à chiey. On efface. On réécrit. On efface de nouveau. On va voir sur la chaîne Youtube de Norman si par hasard il a posté une nouvelle vidéo. On va se faire un café. On réécrit la phrase… etc. Et ça peut continuer des heures. Enfer et damnation.
Matériel nécessaire
Munissez vous d’une montre, ou d’un chronomètre (il y en a normalement dans tous les téléphones portables).
La technique
En gros, il s’agit d’écrire votre roman en tapant à toute vitesse pendant 7 minutes non-stop, en se fixant pour objectif d’avoir atteint les 1000 signes (espaces compris) dans le temps imparti, soit un peu plus de 10 lignes en police 12. Je vous préviens: 7 minutes, ça passe hyper vite. Pas le temps de se poser de questions sur le bien-fondé de l’utilisation de tel ou tel adverbe, ou de tel ou tel adjectif. En gros, on pratique l’écriture quasi automatique.
Une fois votre petit paragraphe rédigé, rebelote. Écrivez la suite selon la même technique. 7 minutes, 1000 signes à pondre. Si ça vous amuse, vous pouvez même essayer d’améliorer vos performances (« allez, la je suis chaud, je fais 1 100 signes ! »). Puis rebelote, puis rebelote. Bim, en une heure, vous avez déjà écrit deux pages! Waouh, truc de ouf pour quelqu’un qui n’arrivait pas à s’y mettre !
A cette étape de mes explications, je sens quelques réserves face à mon approche non-orthodoxe. Donnons la parole à mon contradicteur imaginaire (appelons Athanase) : « Ouais grâce à ta technique j’ai peut-être écrit deux pages, mais elles sont toutes pourries. L’écriture ce n’est pas une course contre la montre. La qualité est plus importante que la quantité. Je suis un artiste môa, madame, pas un pisseur de copie. »
Tout à fait d’accord cher Athanase, écrire, c’est viser la qualité. Cependant, les faits sont têtus : si l’on est bloqué dans son processus d’écriture et que la page est toujours blanche à la fin de l’après-midi, on n’a ni la qualité, ni la quantité, on a juste… bah… une feuille blanche! … Et l’envie furieuse de se rouler en boule dans sa couette jusqu’à la fin des temps.
Avec la technique des 7 minutes, vous avez au moins vos deux pages. A vous ensuite de les relire, de transformer, de polir, d’améliorer, d’effacer, d’ajouter. L’expérience montre que l’exercice est nettement moins difficile une fois que l’on dispose d’une base à partir de laquelle on peut bosser. Les nouvelles idées viennent plus facilement, parce qu’on a forcé le cerveau à se mettre en marche sans lui coller une pression de ouf.
Pourquoi ça peut marcher grave
Cette technique aide à déjouer deux écueils dans lesquels sombrent 90% des aspirants écrivains : 1/le perfectionnisme, 2/ le découragement face à l’ampleur de la tâche que l’on s’est fixée (c’est à dire, de pondre un grand Å“uvre de plusieurs centaines de pages digne de vous assurer une place à l’Académie Française). Je parle d’expérience. J’ai gardé chez-moi tout un cimetière de manuscrits jamais terminés.
Écrire sans trop se poser de question permet de ne pas perdre des heures paralysé par la recherche de la perfection. Autant commencer par un premier jet bof-bof et l’améliorer ensuite.
Par ailleurs, la technique des 7 minutes permet de se fixer des objectifs atteignables, et donc de pouvoir s’auto-congratuler plusieurs fois en l’espace d’une heure. « Ouaouh j’ai écrit 1000 signes! Ouaouh, j’ai écrit 2000 signes! Ouaouh, j’ai écrit une page ENTIÈRE! quel cador!) ». Lorsque l’on entame un projet de grande envergure, comme un roman, qui doit généralement vous occuper plusieurs mois, mieux vaux créer des occasions de se satisfaire du travail accompli régulièrement… Je ne sais pas pour vous mais, si je commence une histoire en me disant que je ne pourrai être fière de moi qu’une fois mon manuscrit terminé, ça me donne des envies de me jeter par la fenêtre ou d’aller immédiatement trouver d’autres sources de gratification plus immédiates (par exemple un Twix).
Je précise par ailleurs, au cas où ce serait nécessaire que vous n’êtes pas obligés d’utiliser cette technique magique pour écrire votre roman en entier. Pas besoin de la mettre en pratique les jours où vous débordez d’inspiration, bien entendu. C’est à la carte. Open-bar.
Voilà , c’est tout pour cette fois. Et vous, quelles sont vos ruses ?
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