flamme

Pour 2015 je souhaite…

Le 6 janvier je postais une carte de vÅ“ux sur mon compte Facebook, en souhaitant à chacun de belles aventures, et de belles rencontres pour 2015… J’étais d’excellente humeur à cet instant-là, enthousiaste à l’idée de découvrir ce que la nouvelle année allait offrir à chacun d’entre-nous.

Le lendemain, 7 janvier, Charlie Hebdo a été attaqué, avec les conséquences tragiques que vous connaissez. Il n’y a pas de mot assez fort pour qualifier l’horreur de cet évènement et de ceux des deux jours qui ont suivi.

Mes pensées vont en premier lieu aux victimes: dessinateurs, journalistes et personnel du journal, otages de l’épicerie casher à la Porte de Versailles, policiers et membres des forces de l’ordre, mais aussi à leurs proches, à leur famille, à leurs amis.  Comment expliquer qu’un être humain puisse un jour se saisir d’une arme à feu pour exécuter de sang-froid l’un de ses semblables?

Les attaques contre les mosquées et autres actes anti-musulmans menés en répercussion m’attristent aussi très profondément. Pourquoi mettre de l’huile sur le feu en s’attaquant au culte de gens innocents? Comment peut-on répondre à la haine par la haine, alors que la très grande majorité de la population quelle que soit sa confession, ou son absence de confession, ne désire rien d’autre qu’à vivre en paix?

Dans les médias, ces drames suscitent de nombreux commentaires: sur le bienfondé ou non de la publication des caricatures par Charlie Hebdo (dont la réponse, quelle qu’elle soit, ne justifie de toute façon aucun crime), sur la récupération de la manifestation de demain par des personnalités plus ou moins recommandables… Je ne souhaite pas me répandre en considérations sur ces débats ici. Nous avons tous notre propre réflexion à mener.

En revanche, je souhaite ici amender mes vœux pour 2015. Ou plus exactement les compléter.

Oui, je vous souhaite toujours à chacun de belles rencontres, de belles lectures, des aventures enthousiasmantes. Mais au regard des derniers évènements, j’ai à présent plusieurs vÅ“ux à formuler pour l’année à venir, et celles qui suivront. Ils sont peut-être naïfs, mais ils sont sincères. Ne croyez pas que je vienne ici donner de belles leçons: ces lignes m’engagent au premier chef à intensifier mes propres efforts.

Je souhaite que de tous ces drames, chacun d’entre nous ressorte avec une conscience encore aiguisée de l’importance d’aller à la rencontre de ses concitoyens de toutes cultures, de toutes religions. Certains tentent de monter des communautés les unes contre les autres? Répondons au contraire par une bienveillance et une curiosité accrue envers notre prochain. Je ne doute pas une seconde que ceux qui me lisent en sont déjà convaincus… Alors ne faiblissons pas! Faisons fi de notre timidité pour échanger quelques mots, et plus si affinité, avec notre voisin.

Je souhaite que l’attachement exprimé à la liberté de la presse ne soit pas qu’un feu de paille. Si les victimes de Charlie Hebdo sont avant tout celles d’une guerre idéologique, plus que d’une guerre contre le journalisme, la question est sur la table. En tant que journaliste de métier (bien moins sulfureuse), j’y suis particulièrement sensible.

Cela fait longtemps que la presse se meurt. Des titres ferment, des kiosques aussi. Des magnats de l’industrie rachètent des publications et mettent leur ligne éditoriale en coupe réglée. A l’étranger, des correspondants exercent leur métier dans des conditions matérielles et financières déplorables. Beaucoup prennent des risques, beaucoup meurent. En mai 2014, la photographe Camille Lepage a succombé en Centrafrique. Elle avait 26 ans. Rémi Ochlik, 28 ans, a disparu en Syrie en 2012. La liste peut s’allonger à l’infini…

En 2015, a nous tous de soutenir la presse. De protester quand un titre menace de disparaître. D’acheter un journal de temps à autre, même quand cela n’est pas dans nos habitudes. D’encourager les titres qui proposent des enquêtes et reportages de qualité, et par là même d’enrichir sa connaissance du monde. Certains me répondront qu’ils le font déjà, je vous encourage à continuer. Pour ma part, j’estime avoir des progrès à faire, ayant trop tendance à me reposer sur la presse en ligne et gratuite… Ma résolution est donc de me réabonner à mon titre préféré: Courrier International. Et l’État, doit bien-sûr faire un travail de réévaluation des aides financières qu’il dispense à la presse, dont la répartition est très étonnante.

Enfin, en 2015, je souhaite que nous ne sombrions pas encore plus dans la déprime et dans la peur. Oui, la situation sociale en France est terrible, avec ses 5 millions de chômeurs, avec ses inégalités sociales tragiques. Oui, le racisme est rampant. Pour ceux qui en sont témoins, c’est intolérable, pour ceux qui en sont les victimes, c’est insupportable. J’aime à croire néanmoins que nous avons en nous les ressources pour Å“uvrer, à notre échelle, pour un monde plus juste, plus égalitaire, moins hostile… Des dons aux associations, un engagement dans une cause que l’on considère juste, où même la plus simple bienveillance peuvent faire la différence.

Pour 2015, je souhaite un monde meilleur et je vous souhaite d’être le plus heureux possible.

Je vous embrasse,

Aurélie

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